Quand j'ai demandé un jour de janvier un rendez vous à l'avocat avec lequel j'avais un litige, sa réponse a éte la suivante:
"Je contemple sans impatience ce tableau que je vous transmets.
Décrypter le, décrivez la scène, son époque... et nous pourrons nous rencontrer ...devant un verre".
Le tableau, une peinture italienne du 17 ème représentant une femme nue agenouillée la main sur son sexe cachée par une petite étoffe.
Une femme peinte en pleine lumière, soumise aux regards avides de plusieurs hommes cachés dans les replis sombres de rideaux et d'objets obscurcis par le noir glaçant de la scène.
Un clair obscur souhaité pour mieux faire surgir ce contraste évocateur entre soumission de la femme et volonté de domination, de jouissance de ces "voyeurs" en pleine action de pénétration de l'intime.
Imaginez recevoir en guise de rendez vous juridique, une telle proposition .
Un deal à respecter, écrira t'il...mon regard accompagnant le sien pour décrypter une telle scène.
Une complicité à refuser absolument.
Une demande humiliante, une offense assumée, un outrage inattendu, un choc pour tout être en attente de respect...et d'un simple rendez vous juridique.
Un langage pictural de domination et d'avilissement de la femme. Un signal provocateur, une invitation à participer à l'abject.
Un traumatisme aussi qui perdure tant ces gestes de nature sexiste s'inscrivent dans la normalité de postures déontologiques entretenues par un pas de vague assourdissant et complaisant qui assure à l'auteur de tels faits la plus parfaite impunité, de la part de ses pairs.
Des gestes, des mots qui ne pouvant se parler, s'enracinent douloureusement dans votre vie et votre rapport au monde.
Il est temps que les barreaux interrogent en profondeur dans des commissions ad hoc instituées dans chaque département la manière dont se glisse la violence ordinaire faite aux femmes dans les interstices des pratiques professionnelles.
Meet law héberge ou fait le lien avec le justificatif n'est en rien responsable, pour certains avocats, de la manière, dont ils érotisent le pouvoir dans leur activité.
Mais ces plateformes ne devraient elles pas, elles aussi, participé à la lutte contre les violences ORDINAIRESfaites aux femmes.
Repenser avec la justiciable "une normalité" dans les pratiques juridiques trop peu questionnée est souhaitable.
La lutte sociétale et éthique contre la violence ORDINAIRE faite aux femmes passe par une prise de conscience de la profession d'avocat qui n'est pas plus immunisée qu'une autre profession sur l'impact de la culture patriarcale dans leur activité.
Une culture qui se glisse de manière dégradante et traumatisante dans les pratiques professionnelles, y compris envers les clientes.
Ce que j'ai écris en est un exemple.
N'ayant ni le culte de la dénonciation ni de la sanction, il n'est pas question de nommer publiquement ni auprès de meet law, cet avocat.
Je parle de ce vécu pour que la prise de conscience se fasse sur la manière dont le désir de soumission et de domination sur la femme continue à s'inflitrer dans les pratiques de cette profession dans un silence inquiétant.
Pour rencontrer d'autres avocat-e-s, il est nécessaire et juste de rappeler que certains sont d'authentiques représentants d'une déontologie vivante et saine qui défend l'Honneur de leur profession.